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19 janvier 2012

Interview Alexis Aubenque - Janvier 2012

Alexis Aubenque, auteur français de polar et de science fiction, sort en ce moment son nouveau roman Charité bien ordonnée.
Découvrez son interview :

AubenqueBertrand/ De Libraire à Auteur, quel a été le déclic, si il y a en eu un, pour que vous décidiez de passer de l'autre coté ? Ou bien avez vous toujours écrit, et proposé vos manuscrits ?

Alexis Aubenque/ En fait, j’ai commencé à écrire à l’âge de 24 ans, durant mon service militaire, juste après mes études. J’étais en manque de lecture, et par simple bravade, je me suis amusé sur l’ordinateur de l’armée à taper une histoire, et à mon grand étonnement j’ai écrit un roman ! Après celui-ci, j’en ai écrit quatre autres avant de monter à Paris, et c’est par hasard et par chance que j’ai eu le poste de libraire à la Fnac Saint-Lazare, qui m’a bien aidé pour rencontrer les éditeurs par la suite

Si vous avez proposé des manuscrits, et qu'ils ont été refusés dans le passé, avez vous modifié quelque chose dans votre style, ou dans vos histoires, pour qu'ils soient cette fois ci acceptés ?

Oui, et j’ajouterai que même depuis que je suis édité, j’essaye de faire de mieux en mieux. Mais c’est vrai qu’il y a un monde entre mes premiers écrits non publiés, et ce que je peux faire à présent. Ne serait-ce que sur le côté technique de narration et de construction d’un récit. En science-fiction, j’étais le roi du Grand N’importe Quoi ( dit le GNQ) , j’adorais ça (Robert Howard, Edgar R. Burroughs, étant pour moi les grands maitres du Grand N’importe Quoi !), mais depuis que je suis en polar, je me suis astreint à une rigueur bien plus conséquente.
 
Comment se passe la relation d'un auteur avec son éditeur, vous conseille t-il, souhaite t-il modifier certains passages avec votre accord ? Pour un lecteur cette relation entre auteur et éditeur paraît mystérieuse, pouvez vous nous expliquer un peu comment cela se passe ?

En fait, c’est une question d’alchimie, et il est clair que je ne pourrai jamais travailler avec quelqu’un qui n’aime pas mon travail. L’auteur a besoin de se sentir épaulé, soutenu. Le travail d’écriture est tellement épuisant qu’il est bon d’avoir le soutien de son éditeur.
Pour parler du délicat travail des corrections, un bon éditeur sait toujours vous amener à vous remettre en question sans vous blesser, ni vous rabaisser, il doit savoir tirer le meilleur de vous-même, et les auteurs ne demandent que ça. C’est un vrai travail qui doit se faire en totale confiance et sérénité. J’ai toujours accepté les critiques de mes éditeurs, à partir du moment qu’elles m’étaient expliquées avec intelligence et pédagogie.



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La trilogie River Falls

Quel est votre regard (en tant que libraire et auteur) sur la production littéraire française au niveau du roman noir, du thriller, du polar ? Beaucoup d'auteurs dans ce milieu, ne ressentez vous pas qu'il puisse y avoir un risque d'overdose, que la quantité n’entraîne pas forcément la qualité ?

En tant qu’ancien libraire, il est clair qu’il y a une surproduction qui est nuisible à l’ensemble des auteurs car, il n’y a pas assez de place pour les mettre tous en avant dans les librairies et surtout on n’a pas le temps de les lire tous, et de fait on passe très certainement à côté de nombreux petits bijoux.
Mais de l’autre côté, en tant qu’auteur, il serait aberrant d’interdire à des écrivains en herbe de tenter leur chance, et de les censurer sous prétexte qu’il y a déjà trop de monde dans la place.
Tout romancier doit avoir selon moi , la chance d’avoir un jour son livre face au public.
La question de savoir : « si la quantité va au dépend de la qualité », n’aurait de sens si l’on parlait d’un seul auteur qui écrirait dix livres dans l’année, mais chaque auteur écrit son livre indépendamment des autres et le travaillera de la même façon, qu’il y ait mille ou dix millions d’autres auteurs à ses côtés, en plus Simenon écrivait ses livres en une semaine et pourtant il me semble que la pléiade n’a pas fait sa fine bouche

Quels sont vos auteurs préférés, quel genre de livres aimez vous lire ?

Mes auteurs préférés sont : Franck Herbert et Dan Simmons pour la science fiction, et James Ellroy pour le polar.
Les genres que je préfère étant de fait la science fiction et le polar, étonnant non ?

Avez vous une routine en matière d'écriture, êtes vous plutôt du matin ou du soir ? Travaillez vous dans le silence ou avec de la musique ?

Je travaille surtout le soir, et toujours en musique (musique de film, ou musique instrumental).

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Pour écrire votre trilogie sur River Falls, qui est un lieu inventé si je ne me trompe pas, avez vous souvent voyagé en Amérique du Nord pour vous familiariser avec la psychologie des personnages ? Des techniques d'investigation ? De la géographie des lieux ? Ou faites vous vos recherches directement par internet ?

Malheureusement, je n’ai pas les moyens pour passer du temps aux USA, et j’ai donc du passer des heures sur google pour apprendre tout un tas de truc sur les USA. Quant à la psychologie des personnages, les américains sont des occidentaux judéo-chrétiens, et de fait très proche de nous, et je pars du principe qu’ils ont peu ou prou les mêmes schéma mentaux, un peu plus accentués par leur dévotion religieuse et leur patriotisme plus poussée que chez nous les européens. (Il suffit de voir la campagne américaine pour s’en rendre compte en ce moment).

Pourquoi de nombreux auteurs, français ou britanniques, utilisent, selon vous, les Etats Unis comme le cadre de leurs romans ? Ne pouvez pas faire les mêmes histoires en France ? Qu'est ce qui vous attire dans ce pays ?

Pour moi, c’est avant tout l’exotisme, les Etats-Unis et leurs grands espaces me font rêver, alors que la France me déprime.
Cela dit, si l’on regarde la production des auteurs français, plus des trois quart au moins se passent en France. Donc ce n’est qu’une petite minorité qui écrit des polars qui se passent aux USA.

Quant aux britanniques, pour eux, c’est juste pour être publiés sur le marché américain. Les américains ne lisent que des livres qui se passent chez, le mot « traduction » n’a aucun sens chez eux ! (Allez dans une librairie aux USA, vous serez surpris par la petitesse du rayon livre d’auteurs étrangers).

Y a t il une demande spécifique des éditeurs ou des lecteurs pour une littérature de plus en plus noire ? La télévision et les séries américaines poussent-elles les auteurs à plus de noirceur ? Aller vers toujours plus de surenchère au niveau de la violence ?

Pour ma part, mon premier thriller n’était pas très violent, du moins de mon point de vue, et à chaque roman je m’en éloigne, et pour le coup « Charité bien ordonnée » n’a presque plus une goute de sang. En plus, je ne suis pas d’accord avec vous, les dernières séries télé à la mode, NCIS, Bones, Mentalist, Castle, sont bien plus légères que leurs ainés.
En même temps, il est vrai que le Noir reste une référence dans le milieu du polar, et c’est vrai que les éditeurs sont fascinés par le sordide, mais ça je n’ai jamais compris pourquoi, il faudrait les interroger sur un divan peut-être !


charité

Avez vous eu des contacts avec le monde du cinéma pour une adaptation d'un de vos romans ? Seriez vous intéressé par une collaboration au scénario ou laisseriez vous cela aux scénaristes ?

J’ai des contacts avec des producteurs, mais il y a un monde entre avoir des contacts et faire une série télé. J’en rêve, et j’adorerais travailler sur des scénarii, mais bon, c’est un autre métier et chaque chose en son temps.

Quel est votre principale source d'inspiration ? Utilisez vous des faits divers dans des journaux ?

Mon inspiration est simplement mon imaginaire qui est le fruit de la digestion des milliers de livres que j’ai lu.
Je n’utilise pas à proprement parlé les faits divers des journaux, mais depuis trois romans, je me sers de sujets de sociétés pour élaborer mes histoire : homophobie, intolérance religieuse, ultralibéralisme contre altermondialiste, ainsi que mères porteuses et adoption pour le prochain Logan.

Certains auteurs ne veulent pas entendre parler de série, d'autres comme vous notamment utilisent les mêmes personnages pour des romans successifs ? Trouvez vous que cela permet d'avoir plus de profondeur dans la psychologie des personnages ? Ne craignez vous pas de devoir vous répéter souvent pour le lecteur qui ne connaît pas la série mais ce qui gênerait le lecteur fidèle ? Quel est le juste milieu à trouver ?
Avez vous d'autres projets à River Falls ?

Chaque auteur voit midi à sa porte, et je serais bien prétentieux de porter un jugement sur mes collègues, mais pour ma part, je suis dans ce qu’il me semble être le juste milieu, c'est-à-dire qu’un côté je suis des personnages récurrents qui évoluent au fil de l’histoire et en même temps je rajoute de nouveaux héros pour ne pas me lasser et avoir l’impression d’écrire toujours la meme chose.

Et effectivement, une suite est prévue à River Falls, cela sera très certainement après le troisième volume des Nuits Noires à Seattle, Logan devra revenir dans cette ville pour mettre un terme aux agissement d’un psychopathe redoutable…, mais bon celui-ci il est prévu pour 2014 !

Quels sont vos conseils lecture du moment, en tant que passionné de livres ?
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Pour cette rentrée, j'ai deux coup de cœur, « L’apparence de la chair » de Gilles Caillot, et « les Fantômes du Delta » d’Aurelien Molas que j’ai eu la chance de lire en avant première. En plus ce sont deux amis, mais avant de crier au copinage, sachez que je n’ai que des amis hyper-talentueux.

Aimez vous rencontrer les lecteurs lors des dédicaces ? Quels sont les questions qui reviennent le plus fréquemment de la part des lecteurs ?

J’adore ça, et les phrases qui reviennent le plus sont : je croyais que vous étiez américain ! Vous avez vécu longtemps là-bas ? Est-ce que vous écrirez un jour l’histoire du docteur Clevender (l’homme qui a essayé de tuer mon héroïne!), et la réponse est 2014 !

Quels conseils pourriez vous donner pour de jeunes auteurs qui souhaitent écrire des romans noirs ? Quels sont les risques à éviter ?

Il n’y a aucune méthode ou règle pour réussir un bon polar, il faut juste avoir ça en soit, ce désir de raconter une histoire.
Je n’aurais alors qu’un conseil : tenir bon contre vents et marées, de faire fi des jaloux et des aigris, n’écouter que les personnes solaire, et oublier les médisances. L’édition est un monde sans pitié ou les auteurs ne sont que des pions, et les éditeurs les joueurs.
Cela dit, ca vaut quand même le coup de tenter l’aventure car pour celui qui réussit à passer toutes les embûches, le plaisir est immense que de savoir que nos livres se trouvent dans les mains de milliers de personnes.
On se sent tout de suite moins seul...

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