L'attentat - Yasmina Khadra
"Dans un restaurant de Tel Aviv, une jeune
femme se fait exploser au milieu des clients. A l"hôpital, le docteur
Amine, chirurgien israélien d'origine arabe, opère à la chaîne les survivants
de l'attentat. Dans la nuit qui suit le carnage, on le rappelle d'urgence pour
examiner le corps déchiqueté de la kamikaze. Le sol se dérobe alors sous ses
pieds : il s'agit de sa femme.
Comment admettre
l'impossible, comprendre l'inimaginable, découvrir qu'on a partagé, des années
durant, la vie et l'intimité d'une personne dont on ignorait l'essentiel ? Pour
savoir il faut entrer dans la haine, le sang et le combat désespéré du peuple
Palestinien."
Je viens de
terminer mon premier roman de Yasmina Khadra, cet auteur algérien de son vrai
nom Mohammed Moulessehoul, L'attentat est un roman terrible. Un roman qui fait
froid dans le dos par la description de la situation entre les palestiniens et
les israeliens.
Un livre terrible parce qu'on ne peut
pas le lacher, il y a un suspense haletant. A partir de la moitié du livre
après s'être acclimaté à l'univers de Tel Aviv et à la vie un peu complexe aux
premiers abords de ce chirurgien qui a tout réussi, on est obligé d'aller
jusqu'au bout, de savoir ce qu'il va se passer pour le narrateur, tenter de
comprendre la situation, les origines qui poussent les kamikazes à agir de
cette façon, leurs motivations, leurs raisons.
Le livre est terrible... Terriblement bien
écrit. Par moment je me disais que je trouvais le style un peu trop descriptif,
pas assez dans l'action, trop dans l'introspection, la réflexion du narrateur.
J'aime souvent quand l'action s'enchaine très rapidement. Ici, j'ai beaucoup
aimé lire ce livre même si peut-être je ne lirai pas tous les livres de Khadra,
j'ai aimé entrer dans ce personnage, vivant au milieu de ce conflit. Un conflit
dont on ne voit pas la fin. J'ai espéré, j'ai lu les dix dernières pages avec
impatience...
Quelques extraits :
"Tu oses me
saouler avec tes histoires de bravoure et de dignité lorsque tu restes dans ton
coin en envoyant des femmes et des enfants au charbon ? Détrompe toi : nous
vivons bien sur la même planète, mon frère, sauf que nous ne logeons pas à la
même enseigne. Tu as choisi de tuer, j'ai choisi de sauver. Ce qui est l'ennemi
pour toi, pour moi est un patient.[...] Je veux seulement vivre ma part
d'existence sans être obligé de puiser dans celle des autres."
"J'escalade
un talus, monte sur la crête ; c'était mon mirador, au temps des guerres
heureuses. Autrefois, lorsque je me dressais là, mon regard portait si loin
qu'avec un petit peu de concentration, je pouvais entrevoir le bout du monde.
Aujourd'hui, surgie d'on ne sait quel dessein pernicieux, une muraille hideuse
s'insurge incongrûment contre mon ciel d'autrefois, si obscène que les chiens
préfèrent lever la patte sur les ronces plutôt qu'à ses pieds."
"Tout juif
de Palestine est un peu Arabe et aucun Arabe d'Israël ne peut prétendre ne pas
être un peu juif."
Un très beau livre, une page d'histoire contemporaine brûlante à lire d'urgence.