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5 décembre 2010

Le quai de Ouistreham (Florence Aubenas)

le_quai_de_Ouistreham" La crise. On ne parlait que de ça, mais sans savoir réellement qu'en dire, ni comment en prendre la mesure. Tout donnait l'impression d'un monde en train de s'écrouler. Et pourtant, autour de nous, les choses semblaient toujours à leur place. J'ai décidé de partir dans une ville française où je n'ai aucune attache, pour chercher anonymement du travail. J'ai loué une chambre meublée. Je ne suis revenue chez moi que deux fois, en coup de vent : j'avais trop à faire là-bas. J'ai conservé mon identité, mon nom, mes papiers, et je me suis inscrite au chômage avec un baccalauréat pour seul bagage. Je suis devenue blonde. Je n'ai plus quitté mes lunettes. Je n'ai touché aucune allocation. Il était convenu que je m'arrêterais le jour où ma recherche aboutirait, c'est-à-dire celui où je décrocherais un CDI. Ce livre raconte ma quête, qui a duré presque six mois, de février à juillet 2009. J'ai gardé ma chambre meublée. J'y suis retournée cet hiver écrire ce livre. ", Florence Aubenas.



 

La lecture de ce livre m'a fait penser à mon expérience en Angleterre.

 


 

"Le rendez vous était donné à 10 heures dans un complexe sportif. Alors que certains portaient leur matériel de piscine (serviette, bonnet de bain...etc), j'avais sur moi une simple serviette rouge où étaient rangé consciencieusement les quelques papiers nécessaires à cette formation.

Dans le hall d'accueil, habillé comme pour un entretien d'embauche, je dénotais dans ce paysage de chaussures de sport et de shorts. Avec moi on pouvait compter deux hommes et cinq femmes avec une moyenne d'âge de 40 ans, des gens venus ici pour chercher une nouvelle vie. 

Ils allaient être comme moi formés au poste de technicien de surface (en Angleterre : des Cleaner). La responsable de la formation nous invite à entrer dans un gymnase où les matelas de sport ont été posé contre les murs pour libérer la place au milieu à une grande table, à une dizaine de chaises et un poste de télévision.

Dans un anglais facile mais avec un fort accent de la région, la formatrice parlait du poste qu'on allait nous voir confier. Des mesures de sécurité très importantes à respecter, du soin à prendre de notre équipement fourni par le patron...

Un DVD accompagnait les propos de la formatrice énumérant point après point les tâches à accomplir. La formation se poursuivait ensuite dans la salle à coté, un grand gymnase où trônait de part et d'autres des cages de handball et des paniers de basket. Placés comme une erreur sur le parquet sportif, une grosse machine, la polisseuse, celle que Florence Aubenas appelait La Bête, une machine qui nous inquiétait...

Lorsque la responsable de la formation déclencha le moteur de l'engin, le bruit n'était pas aussi impressionnant que l'aspect. Elle déplaça très facilement la machine qui sous ses mains expertes devenait docile comme un caniche, quand ce fut à notre tour à nous de nous y essayer, le caniche s'était métamorphosé en doberman ou en pitbull prêt à attaquer ! La machine avançait toute seule par la force de son moteur, notre devoir était de la faire tourner à droite ou à gauche, mais en vain. Pour moi la machine ne connaissait que la droite et ne pouvait pas m'écouter. Elle ne changeait pas sa trajectoire.

Je ne m'inquiétais pas... Je ne pensais pas que quelques jours plus tard, seul dans le réfectoire d'un collège j'allais devoir nettoyer avec sous "mes ordres" cette Bête. Les chaises et les tables se firent renverser sans que je ne puisse rien y faire. Lorsque je pensais la maîtriser enfin un de mes responsables passait vérifier et devait repasser derrière moi, le sol n'était pas assez propre.

Au bout de trois jours délicats ils m'ont donné un aspirateur et un balai et m'ont confié d'autres tâches plus à ma portée.

Ce travail qui n'a pas pu durer plus de quelques semaines (à cause d'un autre emploi dont les horaires ne pouvaient pas s'associer) fut tout de même une expérience intéressante. La lecture du livre de Florence Aubenas Le quai de Ouistreham m'a replongé dans ces 45 jours de Cleaner. Lire l'expérience faite par Florence Aubenas, qui on pourrait croire n'a plus besoin de se mettre en danger maintenant et pourrait exercer son journalisme tranquillement dans un bureau à Paris, fut révélatrice de notre société. Son courage de partir affronter le Pôle Emploi à 45 ans sans diplôme est admirable et montre bien l'étendu des dégâts causé par la crise et par l'accumulation de petits contrats, de quelques heures par semaine. Ce livre est un COUP DE POING à lire à tout prix !"

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